dinsdag, oktober 08, 2013

La Paix d'Utrecht à Paris (24-26 Octobre 2013)


Les 24, 25 et 26 octobre prochains se tiendra à Paris le colloque international "Utrecht 1713: une paix pour le monde", organisé par l'Université Paris-Sorbonne (Groupe "Diplomatie et Paix"), l'Université Bordeaux III et l'Institut Jaume Vicens i Vives de l'Universitat Pompeu Fabra.

Les organisateurs présentent le colloque comme suit (source: Diplomatie & Paix):
Après de longues négociations, des traités de paix sont signés à Utrecht le 11 avril 1713, suivis d’autres accords, en particulier à Rastadt et à Baden en 1714. Cette paix générale met un terme à un conflit européen qui durait depuis 1701 et a eu des répercussions mondiales, la guerre de Succession d’Espagne.
Le tricentenaire de la paix d’Utrecht donne l’occasion de proposer une relecture des traités de 1713-1714 selon plusieurs perspectives.

Le modèle du congrès diplomatique

Au moment où les États européens s’affirment face aux constructions universelles que furent la chrétienté et l’Empire, les relations entre ces unités politiques restent marquées par la guerre, qui apparaît comme un recours juste en cas de conflit.
La construction de la paix
Trois questions organisent notre investigation. En quoi le congrès reflète-t-il et façonne-t-il les transformations du monde moderne ? Le congrès est-il le laboratoire où se perfectionnent les techniques de la diplomatie ? Quelle empreinte laisse le congrès dans les sociétés et les cultures d’un temps ?
Bien sûr, le colloque s’intéressera aux clauses des traités eux-mêmes, à la reconstruction géopolitique qu’ils supposent et qu’ils préparent, et enfin aux fondements de l’équilibre européen qui marque le début du XVIIIe siècle.
Les recompositions politiques conduisent aussi à s’intéresser à la paix telle qu’elle est vécue et appliquée dans des territoires qu’elle concerne directement, en particulier lorsque les populations changent de souverain et de souveraineté. Le traité suscite-t-il une adhésion ou bien des résistances, et à quelle échelle ? Des micro-négociations accompagnent la pacification et la mise en place des administrations nouvelles : les étudier ouvre une voie pour approcher la vie même des sociétés anciennes. Il faut prendre en compte le cas des petites puissances ou des puissances moyennes et envisager les disparitions d’États.
Pratiques de la négociation et sociabilité des élites
Le congrès reste aussi une confrontation maîtrisée où se mesurent des rapports de force. Nous étudierons dans ce sens le travail concret des négociateurs dans la période choisie, jusqu’à la signature des traités. Afin de cerner les conditions du travail diplomatique, la recherche historique doit mieux connaître la vie du négociateur, l’état de sa maison, ses collaborateurs et sa suite, la collecte de l’information, sa circulation, son traitement pour les agents officiels comme pour les réseaux d’espionnage, les langues de la diplomatie, le jeu entre écrit et oral, ou la sociabilité générée par un congrès et par une forme de cosmopolitisme.
La communication symbolique
Le champ de la diplomatie s’organise autour d’un large éventail de signes, à commencer par le cérémonial, pour accompagner les relations internationales, un ensemble de formes et de conventions qui n’ont pas de justification politique sinon à travers le souci de régler, d’organiser et de policer le dialogue international pour éviter heurts, incidents et dysfonctionnements.

Diplomatie et première mondialisation : la négociation-monde

L’histoire de la mondialisation offre une nouvelle approche pour l’histoire de la diplomatie et des relations internationales anciennes. Nous proposons d’étudier l’intégration des réalités mondiales dans le discours et la pratique diplomatiques, ce que nous pouvons désigner comme diplomatie-monde. Les diplomates comme la pratique de la diplomatie, au-delà des incompréhensions, des contresens, des interprétations, rendent possible le dialogue et sont souvent pionniers dans l’établissement de liens avec l’autre européen ou extra-européen. À travers les instructions, les correspondances et les relations, l’historien découvre un discours cohérent qui tente de comprendre les réalités d’un temps. Au-delà de l’Europe, le colloque tentera de voir comment le monde apparaît à travers la volonté des dominations européennes de se partager les territoires lointains, ou au contraire à travers une façon subtile de contourner ces dominations pour favoriser les intérêts d’un pays.
Les négociations intègrent les questions économiques, commerciales et coloniales. Ces accords ont pour fin d’organiser ou de réorganiser les flux commerciaux. L’importance de ces questions invite à considérer l’influence des négociants et des compagnies de commerce dans la vie diplomatique et les négociations.
La guerre et la paix touchent les domaines coloniaux des pays européens. Nous pouvons étudier leur retentissement et leur écho, mais surtout leurs conséquences à travers la reconnaissance d’une suzeraineté ou les changements de souveraineté. Le colloque pourra aborder aussi la vision que les puissances extra-européennes peuvent avoir des accords d’Utrecht et de leurs répercussions mondiales.
Une question émerge comme particulièrement importante pour la négociation à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, c’est celle qui s’intéresse à la traite des Noirs à travers la question de l’asiento, la fourniture en esclaves des colonies espagnoles.

Les fondements d’une culture de paix

Les récits des acteurs et des spectateurs contribuent à construire l’histoire de l’événement historique qu’ils ont connu, pour un congrès comme celui d’Utrecht. Les négociateurs montrent ainsi le terreau intellectuel qui permet leur action et qui se révèle à travers les mémoires rédigés pour conserver le souvenir de leurs méthodes, de leurs idées et de leurs espérances. La construction de la paix nourrit une histoire du temps présent où des hommes de lettres proposent au public un récit commenté de l’actualité politique européenne.
Une opinion publique internationale
De façon plus globale, il paraît pertinent de s’interroger sur les rapports qu’entretiennent les hommes de lettres et la diplomatie. Ils permettent de mettre à jour le contexte intellectuel de la négociation. Dans ce type d’écriture, le savant, le poète ou le philosophe se mettent au service du prince. Ils travaillent à une réflexion politique générale qui tend à remplacer le choc des armées par l’affrontement des idées.
L’information officielle ou secrète entretient des rumeurs qui parcourent des sociétés mobilisées autour d’une guerre, intérieure ou extérieure. Les écrivains politiques sont employés pour développer des argumentaires, souvent très précis et bien documentés. Cela traduit ainsi l’émergence d’une opinion publique internationale.
Célébration et postérité de la paix d’Utrecht
Les formes et les rituels de célébration de la paix, l’ensemble des gestes et des cérémonies qui l’accompagnent ont une portée symbolique et politique de premier ordre. On s’attachera à suivre les représentations du nouvel ordre européen, mais aussi les témoignages de toutes sortes élaborés autour de l’événement. L’art et la littérature participent à l’exaltation d’un moment historique et de la paix retrouvée.
Les traités donnent lieu à un discours historique qui lui-même devient instrument de l’action politique, en particulier dans les mécontentements qui apparaissent. Parallèlement, la paix fait l’objet d’une célébration nostalgique comme pour un moment heureux de l’histoire européenne.
 De nombreux  spécialistes français (Lucien Bély, Erik Schnakenbourg, Géraud Poumarède, Charles-Edouard Levillain), espagnols (Virginia León Sanz, Joaquim Albareda) américains (Marsha & Linda Frey), allemands (Guido Braun), suisses, italiens ou encore belges, sont à l'affiche.

En ce qui concerne les Pays-Bas Méridionaux, l'Institut d'Histoire du Droit de l'Université de Gand y sera représenté par Rik Opsommer ("Le destin d'Ypres, 1648-1715") et votre humble serviteur ("La consolidation juridique des traités d'Utrecht et de Rastatt par la diplomatie franco-anglaise, 1713-1725"). Bruno Demoulin (Liège) traitera les Wittelsbach, alliés de Louis XIV pendant la guerre de Succession d'Espagne.

Les interventions auront lieu aux Archives Diplomatiques, au Collège d'Espagne et en Sorbonne.
Programme et informations détaillées: ici.

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