De onderstaande tekst (kopie in de National Archives, Britse Ambassade Parijs, SP 78-178, ff. 396r-402r) is het antwoord van de literator Fontenelle op de bedankingsrede van kardinaal Dubois (zie eerder op deze blog) ter gelegenheid van diens opname in de Académie française, eind 1722. Uiteraard is dit een stuk gezwollen mouwvegerij. Dubois bevond zich op het toppunt van zijn macht als eerste minister van de Regent en verse kardinaal.
Zijn hoed had hij te danken aan de pacificatie van Europa in de Quadruple Alliantie: onder druk van onder andere Engeland (protestantse natie...) en Habsburg verleende Innocentius XII het purper aan Dubois. Iedereen wist nochtans dat de kardinaal er een uiterst libertijns privé-leven op nahield. Bij de toewijzing van het aartsbisdom Cambrai een paar jaar eerder, werd de prelaat holderdebolder tot priester gewijd. De hoed was een puur politieke beloning en werd onder druk toegekend. Niet alleen omwille van 's mans morele gebreken, maar ook omdat Clemens XI, voorganger van Innocentius XII, zich had laten bedotten door de Italiaan en Spaans Eerste Minister Giulio Alberoni (in 1717 kardinaal geworden). De vloot die Alberoni bijeenbracht, "om een kruistocht tegen de Ottomanen te beginnen", was in werkelijkheid gericht... tegen Italië.
Dubois staat eind 1722 op het punt waar ook Mazarin en Richelieu eerder stonden: onbedreigd vorstelijk favoriet en bekleed met de hoogste kerkelijke waardigheid. Veel kerkelijke zaken kwamen er evenwel niet bij kijken. Persoonlijke en politieke banden waren in alle gevallen belangrijker. Elk bijkomend "lintje" was een uiting van erkenning voor het wereldlijke prestige van de ontvanger.
Het is wel interessant op te merken dat Fontenelle de religieuze problemen in Frankrijk als nog complexer ziet dan de internationale betrekkingen in Europa. Dubois had eerder met harde hand ingegrepen tegen het Parlement van Parijs, dat Jansenistische thesen aanhing, die theologisch eerder naar het calvinisme dan naar het katholicisme neidgen.
("vreemde" uitgangen en spellingswijzen zijn een gevolg van de transcriptie op de Britse ambassade, de originele tekst is te vinden op google books)
Monseigneur
Quel eût été la joye du Grand Cardinal de
Richelieu, lorsqu'il donna naissance a l'academie
Françoise, s'il eût pû prévoir, qu'un jour le titre
de son Protecteur, qu'il porta si legitimement,
deviendroit trop élevé pour qui ne seroit pas Roy,
et que ceux, qui, revêtus comme luy des plus
hautes dignités de l'Etat et de l'Eglise, voudroyent
comme luy proteger les Lettres, se feroyent honneur
du simple titre d'academicien !
Il est vray, car V.E. pardonnera aux muses
leur fierté naturelle, sur tout dans un lieu où elles
égalent tous les rangs, et dans un jour où vous
les enorgeuillissés vous même, il est vray, que
vous leur deviés de la reconnoissance. Elles ont
commencé vôtre Elevation, et vous ont donné les
premiers accés auprés du Prince, qui a si bien
sçû vous connoitre. Mais ce Grand Prince vous
avoit acquité luy même envers elles par les fruits
de son heureuse Education, par l'étenduë et la
v
varieté des lumieres, qu'il a prises dans leur commerce
par le goust, dont il honnore leurs differents ouvrages,
et qui lui en marque si sûrement le prix. Je ne
parle point de la constante Protection quil leur
accorde; Elles sont plus glorieuses de ses lumieres
et de son goust, que de sa Protection même, leur
Grande ambition est d'être connuës.
Ainsi, Monseigneur, ce que vous faites
maintenant pour elles est une pure faveur. Vous
venez prendre ici la place d'un homme, qui
n'etoit celebre que par elles, et quand V.E. lui envie
en quelque sorte cette distinction unique, combien
ne la releve-t-elle pas ?
M. Dacier se l'etoit aquise par un travail de
toute sa vie, et qui lui fut toujours commun avec son
illustre Epouse, espèce de communauté inouïe jusqu'a
nos jours. Attache sans relache aux grands auteurs
de l'antiquiuté grecque et romaine, admis dans
leurs familiarités a force de veilles, confident de leurs
plus secretes pensées, il les faisoit revivre parmi
397r
nous, les rendoit nos contemporains, et par un commerce
plus libre et plus étendu qu'il nous menageoit avec
eux, enrichissoit un siecle deja si riche par luy même.
Quoyque sa modestie, ou peut étre aussy son amour
pour les anciens, lui persuadât, que leurs tresors
avoient perdu de leur prix en passant par ses mains,
ils ne pouvoyent guerre avoir perdu que cet éclat
superficiel, qui ne se retrouve point dans des metaux
pretieux longtems enfouïs sous terre, mais dont
la substance n'est point alterée; il employoit, une
longue étude à penetrer les beautés de l'antiquité
un soin passionné à les faire servir, un zele
ardent à les deffendre, toute son admiration a
les faires valoit, et l'exemple seul de cette
admiration si vive pouvoit ou persuader, ou
ébranler les Rebelles. Il a eu l'art de se rendre
necessaire à Horace, à Platon, à Marc Aurele, à
Plutarque, aux plus grands hommes; il a lié
son nom avec les noms les plus sûrs de l'immortalité,
et pour surcroit de la recompense duë a son merite,
v
son nom se trouvera encore lié avec celui de V.E.
Quel bien fait ne nous accordés vous pas en
luy succedant ? Vous eûssiez pû nous favoriser comme
premier ministre, maix un premier ministre peut-il
jamais nous favoriser d'avantage, que lorsqu'il
devient l'un d'entre nous ? Les graces ne partiront
point d'une main étrangere à nôtre égard, et nous
y serons d'autant plus sensibles, que vous nous les
deguiserés sous l'apparence d'un interest commun.
Aussy les applaudissements que nous Vous devions,
seront ils desormais, non pas plus vifs, mais plus tendres
Dans un concert de louanges il est facile de distinguer
les voix de ceux qui admirent, et de ceux qui
aiment. Toute vôtre gloire est devenue la nostre,
et dans nos annales particulieres, qui aussy bien que
l'histoire generale du Royaume, auront droit de
se parer de vos actions et de vous, nous melerons
à ce Sentiment commun d'ambition un sentiment
de zêle qui n'appartiendra qu'à nous.
Telle est la nature du ministere, dont jusqu'à
398r
present V.E. avoit eté uniquement chargée, que
l'éclat des succés n'y est pas ordinairement proportionné
au nombre ny a la Grandeur des difficultés vaincuës,
les ressorts des negotiations doivent étre inconnus même
aprés leurs effets, il faut les faire joüer sans bruit, et
sacrifier courageusement à la solide utilité tout
l'honneur de la conduite la plus adroite, il n'y a que
les évenements qui la décelent, mais le plus souvent
sans rien decouvrir du detail qui en feroit briller le
merite, ils se font seulement reconnoitre pour l'ouvrage
de quelque grand genie, et donnent l'exclusion aux
jeux de la fortune. Eussions nous prévû que nous
serions tranquilles pendant une minorité, qui sembloit
inviter les Puissances voisines a reprendre les armes ?
Eussions nous osé en concevoir l'esperance ? Le Regne
du feu Roy, si brillant par une longue prosperité,
et plus encore par les adversités heroïquement soutenuës,
et habilement reparées, l'union des deux
monarchies dans la maison defenduë contre des
efforts si violents, et si opiniatres, son pouvoir trop
v
reconnu, et trop éprouvé, un certain éclat du nom
françois ajouté par ce grand monarque au pouvoir
reel, enfin tout ce qui faisoit alors, nôtre gloire faisoit
aussy nôtre danger; les soupçons et les jalousies se
reveilloyent, les équivoques des Traittes, les questions
qu'ils laissoyent indecises, ne fournissoyent que trop de
ces pretextes toûjours prets a servir tous les besoins ou
toutes les passions. L'occasion seule suffisoit pour faire
naistre des Ennemis. Cependant un calme profond
a regné en France, interrompu seulement par un
leger mouvement de guerre; quelle intelligence a
produit cette merveille ? De quels moyens s'est elle
servie ? Nous ignorons les moyens, mais l'intelligence
ne peut étre cachée. Le Regent du Royaume a pensé
son ministre a pensé avec luy et a exécuté. Les Siecles
Suivants en sauront d'avantage, fiés vous à eux,
monseigneur.
Ils sauront, est c'est une connoissance que cette
Compagnie leur doit particulierement envier, ils sauront
quelle Eloquence a secondé vos entreprises, combien
elle étoit digne des matieres et de vous, ils
Ils sauront, est c'est une connoissance que cette
399r
jouïront des ouvrages qu'elle a produits, et
que le tems present, ou vôtre modestie nous
dérobe. Un autre cardinal francois, élevé par
son seul merite à cette Dignité, celebre à jamais
par ses importantes et difficiles negociations, Vous
a prevenu dans ce Genre d'Eloquence, et en a laissé
des modeles immortels. Il dédaignoit d'employer
d'autres armes que celle de la Raison; mais avec
quelle noble Vigueur employoit-il toutes les armes
de la Raison ? Quand il avoit les preventions et les
passions a combattre, ce n'etoit qu'à force de les
éclairer qu'il en triomphoit. L'academie a été
formée trop tard, et elle n'a pû posseder un orateur
d'un caractere si rare; mais il faloit qu'elle luy
pût ôposer un Rival
Jusqu'icy les Traittes de Paix avoyent la Guerre
pour veritable objet. On se menageoit, ou un
repos de quelques années pour reparer ses forces, ou
plus de forces pour attaquer un Ennemis commun;
Une haine dissimulée par necessité, une vengeance
v
meditée de loin, une ambition adroitement cachée,
formoient toutes les liaisons, et le desir sincere
d'une tranquillité generale et durable étoit
un sentiement inconnu à la Politique. C'est
Vous, Monseigneur, qui en suivant les vües,
et ce qui nous touche encore d'avantage, le
caractere du Prince depositaire du sceptre, avés le
premier amené dans le monde une nouveauté
sy peu attendue. Vous avez fait des Traittez
de Paix, qui ne pouvoyent produire que la Paix,
vous en avez menagé d'autres, qui vinssent de
plus loin seconder vos Principaux desseins,
et par un grand nombre de ces liens differentz,
qui tiennent tous ensembles, et se fortifient
mutuellement, vous avez eu l'art d'enchainer
sy bien toute l'Europe, qu'Elle en est en quelque
sorte devenuë immobile, et qu'Elle se trouve
reduite a un heureux et sage repos.
Quel doit étre pour tous les hommes
400r
le charme de ce repos, si les souverains qui
habitent une Region ordinairement inaccessible
aux malheurs de la guerre, ont senti comme les
peuples, les avantages que leur apportoit la
situation presente de l'Europe ? Ils les ont senti,
et si vivement, qu'ils ont tous concouru à vous faire
obtenir la Pourpre, eux a qui l'union la plus
étroite permet encore tant de division sur une
infinité de sujets particuliers, ils se sont rencontrés
dans l'entreprise de procurer vôtre élevation; ils ont
même relaché de leurs droits en votre faveur,
et peut-étre pour la premiere fois ont sacrifié
leurs delicates jalousies. Le souverain pontife
n'a entendu qu'une demande de la bouche de
tous les ambassadeurs, et vous avez paru étre
un Prelat de tous les Etats Catholiques, et un
ministre de toutes les cours.
Ce même Esprit qui sait si bien concilier
vous l'avez porté dans la grande affaire, dont
v
l'Eglise de France n'est occupée que depuis trop
longtems. Mais combien les interets politiques
sont ils plus aisés à manier, que ceux de Religion,
que chacun se fait une loi de suivre tels qu'il
les a conçus, qui n'admettent point une modeste
déference aux lumieres Superieures d'autrui, qui ne
peuvent ceder, je ne dis pas à des considerations
étrangeres, mais même a d'autres interêts de
Religion plus importants, qui enfin semblent
avoir le droit de changer l'aveugle opiniatreté en
une constance respectable ? Malgré ces difficultés
renaissantes à chaque instant, des vuës sages et
sagement communiquées, des soins agissants avec
circonspection, mais toûjours agissants, ont reuni
les sentiments de presque tous les Prelats du
Royaume, et il nous est permis desormais
d'attendre une paix entiere, où l'Eglise
n'aura plus rien a craindre du Zêle et
de l'amour même de ses Enfans.
401r
C'est dans cette disposition singuliere
des affaires generales que se fait le passage
paisible du plus glorieux regne qu'ait vû
la France, à un regne également glorieux
qu'Elle espere. Nul obstacle etranger
n'empechera que les inclinations naturelles
du Roy, cultivées avec tant de soins par
de si excellents maitres, ne se deployent dans
toute leur étenduë. Il n'aura qu'à vouloir
rendre ses Peuples heureux, et tout nous dit
qu'il le voudra. Deja nos desirs les plus
impatiens trouvent en luy tout ce qu'ils cherchent,
et nos esperances a force de ce confirmer de jour
en jour, ne sont plus de simples esperances.
S'il etoit besoin qu'elles s'accrussent, elles
s'accroîteroient encore par l'âplication que ce jeune
monarque donne depuis quelque tems aux
matiéres du Gouvernement, par ces entretiens
où il veut bien que vous entriez. Là vous
v
pesés à ses yeus les forces de son Etat, et des
differents Etats qui nous environnent, vous
luy démêlés cette foule confuse d'interets politiques
sy diversement embarrassées les uns dans les autres,
vous luy dévoilés l'interieur de son Royaume
et celuy du reste de l'Europe, tel que vos regards
perçants l'on penetré, vous le mettés dans le
secret des Cours étrangeres, vous luy porté sans
reserve toutes vos connoissances acquises par une
experience eclairée, vous vous rendez inutile
autant que vous le pouvez.
Voilà, Monseigneur, ce que pense
l'academie dans un des plus beaux jours qu'elle
ait jamais eus. Depuis plus de trente ans qu'elle
m'a fait l'honneur de me recevoir, le sort l'avoit
assdés bien servie pour ne me charger jamais de
parler en son nom à aucun de ceux qu'elle a
reçeus après moy; Il me reservoit à une
occasion singuliere, où les sentiments de mon
402r
coeur pûssent suffire pour une fonction sy
noble et si dangereuse. Vous vous souvenés
que mes voeux vous appeloyent ici longtems avant
que vous y peûssiés apporter tant de titres; personne
ne sauvit mieux que moy, que vous y auriez
apporté ceux que nous prefererons toujours à
tous les autres.
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