Zeer interessant artikel (als inleiding op de materie) door Christian Chavagneux, over de impact van multinationale ondernemingen op regelgeving, in het laatste nummer van Politique étrangère: 'Les multinationales définissent-elles les règles de la mondialisation ?'. On line beschikbaar op cairn.info.
woensdag, december 22, 2010
woensdag, december 15, 2010
Voltaire
In de reeks "bekende mensen in mijn bronnen": François-Marie Arouet, dit Voltaire. In het contemporaine equivalent van een brief aan het FWO om steun te vragen :-). Gericht tot George I van Engeland, 1725.
Sire
Il y a longtemps que je me regarde comme un des
sujets de votre majesté. J'ose implorer sa protection
pour un de mes ouvrages. C'est un poeme epique
dont le sujet est Henri quatre le meilleur de
nos rois. La ressemblance que le titre de pere
de ses peuples luy donne avec vous, m'authorise
v
a m'adresser a votre majesté.
j'ai eté forcé de parler de la politique de rome, et
des intrigues des moines. Jai respecté la relligion reformée
jai louë l'illustre Elisabeth D'angleterre, jai parlé
dans mon ouvrage avec liberté, et avec verité. Vous
etes sire le protecteur de l'une et de l'autre, et jose
me flatter que vous m'accorderez notre roiale protection
pour faire imprimer dans vos états un ouvrage
qui doit vous interesser, puisqu'il est l'eloge de
la vertu
79r
cest pour apprendre a la mieux peindre que je
cherche avec empressement lhonneur de venir
a londres vous presenter les profonds respects
et la reconnoissance avec laquelle jai lhonneur
detre
sire
de votre majesté
le tres humble et tres obeissant
et tres obligé serviteur
Voltaire
a fontainebleau
ce 6 octobre NS
Kindergrillen
Franse koningen waren in het Ancien Régime meerderjarig (en in staat te regeren) op hun dertiende verjaardag. De jure kwam de regentschap (uitgeoefend door moeder -Maria de'Medici/Anna van Oostenrijk- of andere bloedverwant -Filips van Orléans) dan tot een einde. De facto hield de eerste minister de touwtjes nog wel een tijd verder in handen. Intussen vergaapte de rest van het hof (en de buitenlandse gezanten) zich aan de karaktertrekken van de jonge monarch. Hieronder volgt een merkwaardige hobby van de kleine Lodewijk XV, overgebracht door Thomas Robinson, secretaris van de Britse ambassadeur Horace Walpole in februari 1724.
A Third kind of a recreation that this young
Prince is said to take a delight in, which is the
squirting ink and water out of a lyringe, occasion'd
the other day a pleasant dialogue between his
majesty and the doorkeeper of the Chamber, one
monsieur Balon _ Balon, dit le Roy, ouvrez ta
bouche. - Pourquoy, Sire, dit le Huissier; Parceque
je le veux, repondit Sa Majesté; mais, je ne le
veux pas, moi; sorries the other; the King perceiving
the man's obstinacy, contented himself with
squirting in his face, which the poor fellow
digested better than if it had been in his mouth.
dinsdag, december 14, 2010
Sterven met een volle geldbeugel
Na het sensationele levenseinde van Kardinaal Dubois stootte ik ook op het overlijden van zijn spitsbroeder de Regent (Filips van Orléans, 1674-1723). De man liet zowaar 60 miljoen livres tournois achter in de Franse schatkist. De "Schirac" die wordt vermeld in deze dépêche van Thomas Crawford, secretaris van de Britse ambassade, aan John Carteret, Secretary of State voor het Southern Department, is de hofchirurg, voorvader van Jacques Chirac.
Zo ziet u maar, diplomatieke geschiedenis gaat niet enkel over juridische en politieke terminologie, geostrategische concepten en staatsbelangen, maar ook over haat en verraad, dood en ziekte, feesten en bals...
A Paris ce 6e Xbre 1723
My lord,
Je m'imagine qu'il me sera bien
difficile de mander a Votre Excellence quelque chose
sur le grand evenement qui vient d'arriver, qui
merite son attention, & qui ne se trouvera pas dans
la depeche de mr le chevalier schaub et de
mr walpole, cependant comme j'ai vos ordres
precis de vous ecrire par les couriers toutes les
fois que j'ai quelque chose à dire, je risquerai à
cette occasion de mander à vre exce quelques
faits comme ils m'ont eté contez par des personnes
que je crois dignes de Foy.
Premierement par rapport aux circonstances
de la mort de monseigneur le duc d'orleans,
lesquelles apparament ces messieurs ont trouvés
trop frivoles pour leur depeches, j'aurai l'honneur
de vous les reciter comme elles m'ont été contées
par pauvre madame de Fallary qui se trouva
malheureusement avec lui quand le coup l'a
frappé
Elle m'a dit qu'elle etoit venue ce soir la
chez son A.R. pour lui presenter un memoire
de la part de le Duchesse de la Meilleray son
amie à elle que le valet de chambre lui dit que son
AR se trouvoit incommodé, & lui avoit defendu
Exce My Lord Carteret Secretaire d'Etat
v
de laisser entrer personne, qu'il vouloit se reposer le
reste de la soirée jusqu'à l'heure de monter chez
le Roy, qu'il venoit d'etre fatigué par beaucoup
de monde, mr schaub y avoit eté entre autres
mais ce qui l'avoit fatigué le plus etoit une brigue
pour la charge de premier ecuyer entre mr le
duc de st simon & mr de nangis qui etoient
venus tous deux
Avec cette reponse madame de fallary
se retira chez madame la princesse de rohan
ayant appris en outre que madame de prie avoit
eté renvoyée de la meme sorte
Quelque tems apres qu'elle fut chez
madame de rohan le valet de chambre la vint
trouver, & lui dit que son AR ayant demandé
quel monde etoit venu pour demander audience,
il l'avoit nommée entre autres, sur quoi son
AR lui avoit donné ordre de l'aller trouver
chez madame de rohan, & de la faire venir,
ajoutant (suivant sa bonté pour elle) qu'il
scavoit qu'elle ne le tracasseroit point, & que
peutetre elle auroit quelque chose de pressé a
lui dire.
Elle m'a dit qu'aussitôt qu'elle entre
dans le cabinet ou etoit monsr le duc d'orleans,
elle s'apperçut, qu'il ne se portoit pas bien
Il lui demanda d'abord si elle avoit quelque
chose de pressé à lui dire, et la pria de s'asseoir
312r
et de se tenir compagnie, elle repondit qu'elle n'etoit
pas contente de sa mine et le pria de se reposer
qu'elle n'avoit rien de pressée à lui dire, et quand
elle en auroit, qu'elle n'etoit pas assez cruelle
pour lui parler d'affaires ce soir là, il voulut
sçavoir ce qu'elle avoit à dire, alors elle repondit
que c'etoit un memoire sur quoy son A.R.
repliqua que pour lire un memoire ce soir là ce
seroit trop fort pour lui, mais la pria de dire
de quoy il s'agissoit, elle le lui dit, et il repondit
qu'il le feroit avec plaisir et s'assoupit en parlant.
et commenca a ronfler, comme elle l'a veu faire,
(à ce qu'elle m'a dit cent fois), en pareilles occasions,
elle se mit dans un feuteüil aupres de lui,
et vouloit favoriser son sommeil, mais il se
reveilla d'abord en sursaut, sur quoy elle dit qu'elle
vouloit se retirer et dire a ses gens, de le venir
veiller, il ne vouloit point qu'elle s'en alla & lui
demandoit pardon de s'etre laissé assoupir, elle
repondit que s'il faisoit de telles façons avec elle,
qu'elle ne resteroit pas mais que s'il vouloit se
reposer elle se mettroit aupres de lui & tacheroit
aussi de dormir. Il s'assoupit encore comme
elle disoit cela, et recommenca ronfler
comme auparavant, mais avec plus d'embarras
à ce que lui parut. Elle voulut alors s'en aller
doucement et avertir les valets de chambre de le venir veiller
v
mais regardant son visage comme elle partoit, elle
vit que ses yeux etoient ouverts, et que sa bouche
commençoit à tourner de travers; que son visage
changeoit de couleur, et devenoit d'une couleur
livide, sur quoy elle sortit de la chambre par ou
etoient les valets, et leva les hauts cris, elle ne
trouva personne d'abord, & courant en distraction
partout ne sachant ou elle alloit, ayant trouvé a la
fin quelqu'un elle rentra dans la chambre, ou etoit
deja accouru du monde qui sur les cris etoit
entré de l'autre coté de l'appartement. Elle le
trouva glissé de son Siege sur le planché, la
tête seulement appuyée sur un de ses coins.
Schirac y etoit, mais on ne trouva aucun
chirurgien qu'un quart d'heure aprés on le
saigna, et le sang vint assez bien, mais il ne
vecut qu'environ une demy heure aprés l'acces
Dans ce tems là tout le chateau fut averti de son etat, et
des qu'il expira m le duc qui se trouvoit à versailles
monta chez le roy et demanda la charge de
premier ministre
Sa Majesté T Cenne repondit rien, mais
le Precepteur Frejus qui s'y trouva lui dit,
qu'il repondoit a Sa Majesté de Mr le Duc,
que personne dans le Royaume ne lui etoit plus
attachée, & qu'il seroit pour les interets de sa majesté
de le faire son premier ministre, ajoutant que
mr de la vrilliere etoit dans l'antichambre
313r
(2)
et que si elle vouloit il le feroit entrer pour
recevoir ses ordres d'expedier la patente, sur quoy
le Roy T.C. dit, ouy, & mr de la vrilliere fut
appelé, et mr le duc lui dit que le roy
l'ordonnoit d'expedier une patente pour lui
comme Premier ministre, cela fut bientôt fait,
et sans delai m le duc fit apporter le fauteil
de ceremoni du roy, ou sa majesté tc monta
et receut les sermens de son altesse, comme
il est d'usage.
Mr de chartres qui receut la nouvelle
que son pere etoit mal, à l'opera de paris, arriva
quelque tems aprés, & ayant appris ce qui s'etoit passé,
vint se jetter aux pieds du roy, ou ayant fondu
en larmes, il dit seulement qu'il etoit trop frappé
de douleur pour pouvoir parler à sa majesté, & le roy
l'ayant levé, il se retira sans dire davantage
Le lendemain matin toute la France vint
faire sa cour a mr le duc. Mr Walpole & moi
entre autres eumes l'honneur de lui etre presentés
par mr de morville, à laquelle occasion, il nous
donna les assurances le splus fortes, et de la
maniere la plus gracieuse, qu'il continueroit à
suivre les memes erremens par rapport au Roy
notre maitre que mr le duc d'orleans et lui,
avoit suivis jusques icy, & qu'il n'avoit rien plus
au coeur que de meriter l'amitié du roy en persuivant
les memes measures qui avoient si heureusement
v
etabli l'union et la harmonie entre les deux
Couronnes
Le meme soir de vendredi mr le duc
fit entrer mr le marechal de villars dans le
conseil d'etat, suivant ce qui avoit eté concerté entre
lui et mr de frejus
Le marechal a dit aujourdhuy en presence
d'un seigneur qui me l'a dit que lui ne s'y
attendoit point, mais que mr le duc etoit venu a
lui et le prenant par la main lui avoit dit,
qu'il ne seroit pas digne de son estime s'il differoit
un moment à le faire entrer dans le conseil du
Roy, que voulez vous, dit le marl, que je fisse,
cette Gasconade fir sourire la personne à qui
il parloit et le marl en fut quitte à ce prix.
Mr le Duc proposa aussi au marl de
Tessé d'y entrer, mais il s'en excusa disant, qu'il
avoit deja pris le parti de se retirer du monde, et
qu'il lui convenoit de toute facon de le soutenir
Tout ceci fait beaucoup de mauvais sang
à la cour parmi les princes et d'autres seigneurs
qui se croyent avoit droit d'etre du conseil,
aussibien que mr de villars, et outre cela m le duc
a sur le bras beaucoup de brigues de gens de
consideration pour des emplois et choses vacantes, qui
ont ete laissées indecises par mr le duc d'orleans
Lesquels gens il souhaiteroit de contenter tous dans
le commencement de son ministere, ce qui est pourtant
impossible, cela joint aux pretensions de mr de chartres
314r
rend sa situation tres embarrassante, n'ayant quasi
personne de bon conseil aupres de lui, mais de
quelque façon que les choses se tournent, il me
paroit clair que toutes le sparties rechercheront
l'amitié du Roy notre maitre
J'ay parlé avec plusieurs personnes de
distinction qui ont d'abord tombez d'accord,
qu'il convenoit indubitablement à quiconque
gagneroit ladessus de s'appuyer par l'amitié
du Roy notre maitre. Mr le Duc à ce qui m'a eté
rapporté par ses amis les plus intimes, est tres fort
dans ce sentiment, & il n'est pas à douter que
mr de chartres ne seroit de même, s'il avoit
l'autorité, ou s'il vient de l'avoir, et ses oncles
memes y donneroiennt sans doute, car ils ne
scauroient jamais esperer de la succession
espagnole, un avantage pareil à celuy d'avoir leur
neveu le maitre, lequel a combattu pour Eux
dans toutes les occasions même contre son Pere.
Les Paris auront grand part dans l'administra
tion des Finances, mais comme ils ont une assez
mauvaise reputation dans le public, son choix
d'eux pourra donner prise contre lui, & l'obliger
de les abandonner, ce que pourtant je ne
souhaiterois pas, car tant qu'ils sont en place,
ils tiendront eloigné mr le blanc, dont certaine
ment les principes ne sont pas bons par rapport
à la tranquillité de l'Europe & particulierement
par rapport à la notre.
v
mr de morville à ce que j'ai ouÿ dire aux intimes
de mr le duc est à present fort bien avec lui; mais
si une certaine froideur qui a eté depuis quelque
tems entre madame la duchesse & mr le duc son fils se
raccomode (comme il y a de l'apparance) on m'a
averti que nous devons etre en garde contre le rappel
de mr de torcy aux affairs, c'est à quoy il convient
aux ministres du roy d'avoir grande attention
et même d'en parler fortement à mr le duc en
cas que le bruit s'en repand.
Le rappel de mr le Marchel de Villeroy
etoit arreté par mr le duc d'orleans avant sa mort
et le courier devoit etre depeché a lyons pour le faire,
le lendemain de cet evenement, je crois même que
le courier a été deja depeché par mr le duc hier
ou avant hier
J'apprehende que, ma lettre ne soit deja trop
longue, et peutetre trop hardie, mais je repons de la
verité des faits qu'y sont recitez, et j'espere que
vre exclence me pardonnera les raisonnemens qui
suivant mes lumieres me paroissent assez naturels.
Depuis la mort de mr le duc d'orleans le
mariage de mr le comte de toulouse avec madame
de gondrin a été declaré ce qui est un grand
revers pour les enfans de mr du maine, et fait
grand mecontentement dans cette famille, & dans
celle de madame la duchesse d'orleans.
j'avois presque oublié d'ajouter deux choses
considerables, l'une que mr le president de Novion
315r
(3)
a la charge de premier president du Parlement
de Paris, et l'autre que mr le duc d'orleans
a laissé dans les coffres du Roi T.C. au dela
de soixante millions de la monoye de ce paiscy.
Cette grande somme en caisse fait faire
des Raisonnemens dans le public sur ce qui
pouvoit etre le dessein de mr le duc d'orleans,
en faisant une si forte provision d'argent. Ses
amis disent que c'etoit pour se mettre en etat
d'executer un projet de Finances qu'il avoit;
d'autres raisonnent differement, le fait
de l'argent est certainement vray et tres
commode pour mr le duc.
J'ay l'honneur d'etre avec grand
respect
My Lord
De votre excellence
tres humble et tres
obeissant serviteur
Tho. Crawford
zondag, december 05, 2010
Het gruwelijke levenseinde van kardinaal Dubois
Diplomatieke correspondentie uit de 18de eeuw bevat soms quasi-literaire pareltjes. Zoals de recente Wikileaks-gate toont, moeten diplomaten immers levendige beschrijvingen naar huis sturen over de toestand in hun ontvangststaat. Toevallig stootte ik bij mijn analyse van teksten uit de National Archives (State Papers) op deze brief van 11 augustus 1723, geschreven aan John Carteret, Secretary of State for the Southern Department, door ambassadeur in Versailles Luke Schaub.
Kardinaal-Eerste Minister Dubois doet al een aantal dagen erg nukkig. Tot deze brief werd zijn gezondheidstoestand toegeschreven aan de zorgen die hij zich maakte over een complot aan het hof. De kardinaal-eerste minister voelt zich belaagd, denkt dat een bende intriganten rond de ontslagen minister van oorlog hem wil vergiftigen... Tot de ware (en voor een clericus weinig smakelijke) toedracht aan het licht komt. Het is niet duidelijk of het te maken heeft met de libertijnse levenswandel van de kardinaal, over wie Voltaire beweerde dat hij dezelfde prostituée deelde met een van de handlangers van de Spaanse ambassadeur Cellamara, maar een gezwel aan de uiterlijke urinewegen bezegelt uiteindelijk het lot van de talentvolle topdiplomaat.
Zoals u hieronder kunt lezen, wordt het geslachtsdeel van de kardinaal opengesneden, en stoot men op "une cangrène", of afgestorven weefsel (wij zouden zeggen: een tumor), die alle hoop wegneemt.
[...] qu'il se faisoit un depot dans sa vessie,
Ce qui luy causoit de très grandes douleurs externes par l'acreté de l'humeur
qui se cherchoit un passage. Et quoiqu'il fallût que le Cardinal
montrât la partie affligée pour se faire soulager, il céla encore avec le
même soin tous les symptomes interieurs, se fachant
même très fort aux moindres questions qu'on
v
luy en faisoit. Neantmoins ses medecins et les
chirurgiens luy declarerent dez lors qu'il seroit un
homme mort, s'il ne faisoit percer l'abcez. Il
eût une repugnance invincible contre cette opera
tion, et ne songea qu'à gagner du tems. D'un
coté il se flattoit que l'abcez pourroit se decharger
sans incision, puisqu'il urinoit encore très facilement.
D'autre coté il ne faisoit pas assez de cas de la vie
pour voiloir la racheter par la douleur. Ainsy
sans rejetter absolument l'operation, il s'en deffndit
seulement sous pretexte qu'il s'y resigneroit dez
qu'il seroit à Versailles, où la Cour devoit retour
ner à la fin de cette Semaine. Mais l'agita
tion et l'insomnie continuëlle où il étoit, avança
et enflamma tellement l'apostume, que dimanche
déja on apprehendoit la cangrene. Il repondit con
stamment qu'il vouloit auparavant étre à Versailles,
et demanda à y étre transporté. Mais on le trouva
trop foible pour l'entreprendre. Neantmoins il
força ce transport le lendemain lundy matin, et
arriva à Versailles plus heureusement qu'on n'avoit
6r
osé l'esperer. Il differa pourtant toûjours l'ope
ration d'heure en heure, jusqu'à ce que mr
le duc d'orléans y fut appellé, qui l'en conjura les
larmes aux yeux, et le menaça à la fin de violence
s'il n'y consentoit de gré. Surquoy l'operation
fût faite lundy entre 4. et 5. heures, apres midy.
Elle dura 6 minutes, et fut très douloureuse; il
fallût ouvrir tout le canal de la verge, jusqu'à
l'orifice de la vessie; mais comme l'abcez se
trouva entierment hors de la vessie, et que toutes
les chairs étoient vives, on conçût assez d'esperance,
Et encore hier à midy m le duc d'orleans me dit,
qu'il y auroit plus à esperer qu'à craindre, pourvu
seulement qu'en levant le premier appareil l'on ne
decouvrit point de cangrene dans la vessie même
il ne negligea pourtant pas dans cette attente
faire les arrangemens avec le Roy, pour le cas que
le Cardinal viendroit à mourir, et ils convinrent
ensemble que Son Altesse Royale auroit la
Patente de Premier Ministre, et le Comte de
Morville le Departement des affaires Etrangeres.
Mr le Duc d'Orleans me l'apprit et me chargea
d'en informer Sa Majesté, afin qu'Elle fût d'autant
v
moins inquiete sur le sort du Cardinal, sachant
qui devoit à tout Evenement luy succeder, a quoy
il ajouta, que pour porter le Roy Très Chretien à
luy donner la Patente de Premier Ministre, qui
seule pouvoit solidement assurer son autorité, il
luy avoit allegée, que sans cette seureté il ne
pourroit pas conserver la confiance de sa majesté
deux heures aprez le cardinal perdit connoissance
on leva l'appareil et trouva la cangrene formée;
la nouvelle qu'on en porta au duc d'orléans le
penetra de douleur, et ce fût en se baignant de
larmes qu'il la communiqua au Roy, qui ordonna
aussitôt, que la Patente de Premier Ministre
fût expediée pour Son Altesse Royale, et que Mr
de Morville allât prendre en sa garde les papiers
du cardinal. La desolation de toute la cour
et du Public étoit égale à celle du Duc d'Orleans,
Et l'on n'a jamais vû de ministre si regretté en
France. Le Cardinal expira hier entre 5 et 6 h
du soir, et ce matin le Duc d'Orleans a prêté
serment entre les mains du Roy comme Premier
Ministre, qualité qui seule pouvoit le constituër
7r
en fonction de travailler avec le Roy, et d'en
exclurre les ministres subalternes. M. de
morville a été en même tems declaré ministre
des affaires Etrangeres; la marine a été donnée au
comte de Maurepas Secretaire dEtat de la maison
du Roy, et la Commission qu'avoit M de
Breteuil pour le Departement de la Guerre, a été
convertie en Charge, pour mieux rassurer le Public
contre le Retour de M. Le Blanc. M. le Duc
d'Orleans m'a prié de mander ces Dispositions à
Sa Majesté en luy reïterant les assurances les
plus fortes de son attachement involable au present
systeme, à l'intime union des deux Couronnes
et aux interets de Sa Majesté en particulier,
qu'il regarderoit toûjours comme inseparables
d'avec les Siens
Schaub
zaterdag, december 04, 2010
Woorden van lof
De onderstaande tekst (kopie in de National Archives, Britse Ambassade Parijs, SP 78-178, ff. 396r-402r) is het antwoord van de literator Fontenelle op de bedankingsrede van kardinaal Dubois (zie eerder op deze blog) ter gelegenheid van diens opname in de Académie française, eind 1722. Uiteraard is dit een stuk gezwollen mouwvegerij. Dubois bevond zich op het toppunt van zijn macht als eerste minister van de Regent en verse kardinaal.
Zijn hoed had hij te danken aan de pacificatie van Europa in de Quadruple Alliantie: onder druk van onder andere Engeland (protestantse natie...) en Habsburg verleende Innocentius XII het purper aan Dubois. Iedereen wist nochtans dat de kardinaal er een uiterst libertijns privé-leven op nahield. Bij de toewijzing van het aartsbisdom Cambrai een paar jaar eerder, werd de prelaat holderdebolder tot priester gewijd. De hoed was een puur politieke beloning en werd onder druk toegekend. Niet alleen omwille van 's mans morele gebreken, maar ook omdat Clemens XI, voorganger van Innocentius XII, zich had laten bedotten door de Italiaan en Spaans Eerste Minister Giulio Alberoni (in 1717 kardinaal geworden). De vloot die Alberoni bijeenbracht, "om een kruistocht tegen de Ottomanen te beginnen", was in werkelijkheid gericht... tegen Italië.
Dubois staat eind 1722 op het punt waar ook Mazarin en Richelieu eerder stonden: onbedreigd vorstelijk favoriet en bekleed met de hoogste kerkelijke waardigheid. Veel kerkelijke zaken kwamen er evenwel niet bij kijken. Persoonlijke en politieke banden waren in alle gevallen belangrijker. Elk bijkomend "lintje" was een uiting van erkenning voor het wereldlijke prestige van de ontvanger.
Het is wel interessant op te merken dat Fontenelle de religieuze problemen in Frankrijk als nog complexer ziet dan de internationale betrekkingen in Europa. Dubois had eerder met harde hand ingegrepen tegen het Parlement van Parijs, dat Jansenistische thesen aanhing, die theologisch eerder naar het calvinisme dan naar het katholicisme neidgen.
("vreemde" uitgangen en spellingswijzen zijn een gevolg van de transcriptie op de Britse ambassade, de originele tekst is te vinden op google books)
Monseigneur
Quel eût été la joye du Grand Cardinal de
Richelieu, lorsqu'il donna naissance a l'academie
Françoise, s'il eût pû prévoir, qu'un jour le titre
de son Protecteur, qu'il porta si legitimement,
deviendroit trop élevé pour qui ne seroit pas Roy,
et que ceux, qui, revêtus comme luy des plus
hautes dignités de l'Etat et de l'Eglise, voudroyent
comme luy proteger les Lettres, se feroyent honneur
du simple titre d'academicien !
Il est vray, car V.E. pardonnera aux muses
leur fierté naturelle, sur tout dans un lieu où elles
égalent tous les rangs, et dans un jour où vous
les enorgeuillissés vous même, il est vray, que
vous leur deviés de la reconnoissance. Elles ont
commencé vôtre Elevation, et vous ont donné les
premiers accés auprés du Prince, qui a si bien
sçû vous connoitre. Mais ce Grand Prince vous
avoit acquité luy même envers elles par les fruits
de son heureuse Education, par l'étenduë et la
v
varieté des lumieres, qu'il a prises dans leur commerce
par le goust, dont il honnore leurs differents ouvrages,
et qui lui en marque si sûrement le prix. Je ne
parle point de la constante Protection quil leur
accorde; Elles sont plus glorieuses de ses lumieres
et de son goust, que de sa Protection même, leur
Grande ambition est d'être connuës.
Ainsi, Monseigneur, ce que vous faites
maintenant pour elles est une pure faveur. Vous
venez prendre ici la place d'un homme, qui
n'etoit celebre que par elles, et quand V.E. lui envie
en quelque sorte cette distinction unique, combien
ne la releve-t-elle pas ?
M. Dacier se l'etoit aquise par un travail de
toute sa vie, et qui lui fut toujours commun avec son
illustre Epouse, espèce de communauté inouïe jusqu'a
nos jours. Attache sans relache aux grands auteurs
de l'antiquiuté grecque et romaine, admis dans
leurs familiarités a force de veilles, confident de leurs
plus secretes pensées, il les faisoit revivre parmi
397r
nous, les rendoit nos contemporains, et par un commerce
plus libre et plus étendu qu'il nous menageoit avec
eux, enrichissoit un siecle deja si riche par luy même.
Quoyque sa modestie, ou peut étre aussy son amour
pour les anciens, lui persuadât, que leurs tresors
avoient perdu de leur prix en passant par ses mains,
ils ne pouvoyent guerre avoir perdu que cet éclat
superficiel, qui ne se retrouve point dans des metaux
pretieux longtems enfouïs sous terre, mais dont
la substance n'est point alterée; il employoit, une
longue étude à penetrer les beautés de l'antiquité
un soin passionné à les faire servir, un zele
ardent à les deffendre, toute son admiration a
les faires valoit, et l'exemple seul de cette
admiration si vive pouvoit ou persuader, ou
ébranler les Rebelles. Il a eu l'art de se rendre
necessaire à Horace, à Platon, à Marc Aurele, à
Plutarque, aux plus grands hommes; il a lié
son nom avec les noms les plus sûrs de l'immortalité,
et pour surcroit de la recompense duë a son merite,
v
son nom se trouvera encore lié avec celui de V.E.
Quel bien fait ne nous accordés vous pas en
luy succedant ? Vous eûssiez pû nous favoriser comme
premier ministre, maix un premier ministre peut-il
jamais nous favoriser d'avantage, que lorsqu'il
devient l'un d'entre nous ? Les graces ne partiront
point d'une main étrangere à nôtre égard, et nous
y serons d'autant plus sensibles, que vous nous les
deguiserés sous l'apparence d'un interest commun.
Aussy les applaudissements que nous Vous devions,
seront ils desormais, non pas plus vifs, mais plus tendres
Dans un concert de louanges il est facile de distinguer
les voix de ceux qui admirent, et de ceux qui
aiment. Toute vôtre gloire est devenue la nostre,
et dans nos annales particulieres, qui aussy bien que
l'histoire generale du Royaume, auront droit de
se parer de vos actions et de vous, nous melerons
à ce Sentiment commun d'ambition un sentiment
de zêle qui n'appartiendra qu'à nous.
Telle est la nature du ministere, dont jusqu'à
398r
present V.E. avoit eté uniquement chargée, que
l'éclat des succés n'y est pas ordinairement proportionné
au nombre ny a la Grandeur des difficultés vaincuës,
les ressorts des negotiations doivent étre inconnus même
aprés leurs effets, il faut les faire joüer sans bruit, et
sacrifier courageusement à la solide utilité tout
l'honneur de la conduite la plus adroite, il n'y a que
les évenements qui la décelent, mais le plus souvent
sans rien decouvrir du detail qui en feroit briller le
merite, ils se font seulement reconnoitre pour l'ouvrage
de quelque grand genie, et donnent l'exclusion aux
jeux de la fortune. Eussions nous prévû que nous
serions tranquilles pendant une minorité, qui sembloit
inviter les Puissances voisines a reprendre les armes ?
Eussions nous osé en concevoir l'esperance ? Le Regne
du feu Roy, si brillant par une longue prosperité,
et plus encore par les adversités heroïquement soutenuës,
et habilement reparées, l'union des deux
monarchies dans la maison defenduë contre des
efforts si violents, et si opiniatres, son pouvoir trop
v
reconnu, et trop éprouvé, un certain éclat du nom
françois ajouté par ce grand monarque au pouvoir
reel, enfin tout ce qui faisoit alors, nôtre gloire faisoit
aussy nôtre danger; les soupçons et les jalousies se
reveilloyent, les équivoques des Traittes, les questions
qu'ils laissoyent indecises, ne fournissoyent que trop de
ces pretextes toûjours prets a servir tous les besoins ou
toutes les passions. L'occasion seule suffisoit pour faire
naistre des Ennemis. Cependant un calme profond
a regné en France, interrompu seulement par un
leger mouvement de guerre; quelle intelligence a
produit cette merveille ? De quels moyens s'est elle
servie ? Nous ignorons les moyens, mais l'intelligence
ne peut étre cachée. Le Regent du Royaume a pensé
son ministre a pensé avec luy et a exécuté. Les Siecles
Suivants en sauront d'avantage, fiés vous à eux,
monseigneur.
Ils sauront, est c'est une connoissance que cette
Compagnie leur doit particulierement envier, ils sauront
quelle Eloquence a secondé vos entreprises, combien
elle étoit digne des matieres et de vous, ils
Ils sauront, est c'est une connoissance que cette
399r
jouïront des ouvrages qu'elle a produits, et
que le tems present, ou vôtre modestie nous
dérobe. Un autre cardinal francois, élevé par
son seul merite à cette Dignité, celebre à jamais
par ses importantes et difficiles negociations, Vous
a prevenu dans ce Genre d'Eloquence, et en a laissé
des modeles immortels. Il dédaignoit d'employer
d'autres armes que celle de la Raison; mais avec
quelle noble Vigueur employoit-il toutes les armes
de la Raison ? Quand il avoit les preventions et les
passions a combattre, ce n'etoit qu'à force de les
éclairer qu'il en triomphoit. L'academie a été
formée trop tard, et elle n'a pû posseder un orateur
d'un caractere si rare; mais il faloit qu'elle luy
pût ôposer un Rival
Jusqu'icy les Traittes de Paix avoyent la Guerre
pour veritable objet. On se menageoit, ou un
repos de quelques années pour reparer ses forces, ou
plus de forces pour attaquer un Ennemis commun;
Une haine dissimulée par necessité, une vengeance
v
meditée de loin, une ambition adroitement cachée,
formoient toutes les liaisons, et le desir sincere
d'une tranquillité generale et durable étoit
un sentiement inconnu à la Politique. C'est
Vous, Monseigneur, qui en suivant les vües,
et ce qui nous touche encore d'avantage, le
caractere du Prince depositaire du sceptre, avés le
premier amené dans le monde une nouveauté
sy peu attendue. Vous avez fait des Traittez
de Paix, qui ne pouvoyent produire que la Paix,
vous en avez menagé d'autres, qui vinssent de
plus loin seconder vos Principaux desseins,
et par un grand nombre de ces liens differentz,
qui tiennent tous ensembles, et se fortifient
mutuellement, vous avez eu l'art d'enchainer
sy bien toute l'Europe, qu'Elle en est en quelque
sorte devenuë immobile, et qu'Elle se trouve
reduite a un heureux et sage repos.
Quel doit étre pour tous les hommes
400r
le charme de ce repos, si les souverains qui
habitent une Region ordinairement inaccessible
aux malheurs de la guerre, ont senti comme les
peuples, les avantages que leur apportoit la
situation presente de l'Europe ? Ils les ont senti,
et si vivement, qu'ils ont tous concouru à vous faire
obtenir la Pourpre, eux a qui l'union la plus
étroite permet encore tant de division sur une
infinité de sujets particuliers, ils se sont rencontrés
dans l'entreprise de procurer vôtre élevation; ils ont
même relaché de leurs droits en votre faveur,
et peut-étre pour la premiere fois ont sacrifié
leurs delicates jalousies. Le souverain pontife
n'a entendu qu'une demande de la bouche de
tous les ambassadeurs, et vous avez paru étre
un Prelat de tous les Etats Catholiques, et un
ministre de toutes les cours.
Ce même Esprit qui sait si bien concilier
vous l'avez porté dans la grande affaire, dont
v
l'Eglise de France n'est occupée que depuis trop
longtems. Mais combien les interets politiques
sont ils plus aisés à manier, que ceux de Religion,
que chacun se fait une loi de suivre tels qu'il
les a conçus, qui n'admettent point une modeste
déference aux lumieres Superieures d'autrui, qui ne
peuvent ceder, je ne dis pas à des considerations
étrangeres, mais même a d'autres interêts de
Religion plus importants, qui enfin semblent
avoir le droit de changer l'aveugle opiniatreté en
une constance respectable ? Malgré ces difficultés
renaissantes à chaque instant, des vuës sages et
sagement communiquées, des soins agissants avec
circonspection, mais toûjours agissants, ont reuni
les sentiments de presque tous les Prelats du
Royaume, et il nous est permis desormais
d'attendre une paix entiere, où l'Eglise
n'aura plus rien a craindre du Zêle et
de l'amour même de ses Enfans.
401r
C'est dans cette disposition singuliere
des affaires generales que se fait le passage
paisible du plus glorieux regne qu'ait vû
la France, à un regne également glorieux
qu'Elle espere. Nul obstacle etranger
n'empechera que les inclinations naturelles
du Roy, cultivées avec tant de soins par
de si excellents maitres, ne se deployent dans
toute leur étenduë. Il n'aura qu'à vouloir
rendre ses Peuples heureux, et tout nous dit
qu'il le voudra. Deja nos desirs les plus
impatiens trouvent en luy tout ce qu'ils cherchent,
et nos esperances a force de ce confirmer de jour
en jour, ne sont plus de simples esperances.
S'il etoit besoin qu'elles s'accrussent, elles
s'accroîteroient encore par l'âplication que ce jeune
monarque donne depuis quelque tems aux
matiéres du Gouvernement, par ces entretiens
où il veut bien que vous entriez. Là vous
v
pesés à ses yeus les forces de son Etat, et des
differents Etats qui nous environnent, vous
luy démêlés cette foule confuse d'interets politiques
sy diversement embarrassées les uns dans les autres,
vous luy dévoilés l'interieur de son Royaume
et celuy du reste de l'Europe, tel que vos regards
perçants l'on penetré, vous le mettés dans le
secret des Cours étrangeres, vous luy porté sans
reserve toutes vos connoissances acquises par une
experience eclairée, vous vous rendez inutile
autant que vous le pouvez.
Voilà, Monseigneur, ce que pense
l'academie dans un des plus beaux jours qu'elle
ait jamais eus. Depuis plus de trente ans qu'elle
m'a fait l'honneur de me recevoir, le sort l'avoit
assdés bien servie pour ne me charger jamais de
parler en son nom à aucun de ceux qu'elle a
reçeus après moy; Il me reservoit à une
occasion singuliere, où les sentiments de mon
402r
coeur pûssent suffire pour une fonction sy
noble et si dangereuse. Vous vous souvenés
que mes voeux vous appeloyent ici longtems avant
que vous y peûssiés apporter tant de titres; personne
ne sauvit mieux que moy, que vous y auriez
apporté ceux que nous prefererons toujours à
tous les autres.
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